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Vent de panique sur la Lune

1. Projets

 


Depuis le retour de Myriam en mai dernier, Neil Messen, coulait des jours heureux. Il n'avait toujours pas repris du service aux affaires du BS, ayant pris un congé de durée indéterminée. Il voulait tout simplement rattraper le temps perdu et consacrer toutes ses journées à Myriam, sa compagne de 34 ans qui travaillait comme envoyée spéciale au quotidien martien, le Daily Red. La jeune femme était partie pour une mission secrète à bord du vaisseau Le Voyager explorant la Galaxie. Elle ne vit donc pas Neil durant 29 mois. Cette aventure aux côtés du commandant Jonathan Archer lui avait demandé une énergie considérable et l'avait marquée. Myriam avait en effet cru qu'elle ne ressortirait jamais vivante de cette odyssée quand elle avait vu l'entité extra-terrestre se précipiter sur elle pour tenter de la tuer comme elle l'avait déjà fait pour le reste de l'équipage. La jeune femme était l'une des rares rescapés de cette tragédie.
Quand elle fut de retour sur Mars, sa planète natale, elle avait informé le Daily Red qu'elle prenait un congé sabbatique de plusieurs mois. La jeune femme voulait en effet rester sur la Terre aux côtés de Neil, l'homme de sa vie. Elle avait en outre besoin de repos et de détente. Lors de son voyage, elle joua un rôle capital aux côtés du commandant Archer qui avait exigé d'elle qu'elle accomplisse des tâches dépassant de loin son simple rôle d'envoyée spéciale si bien qu'elle était exténuée, vidée de ses forces.

Installés sur des chaises longues le long de leur piscine couverte par un dôme, Neil et Myriam s'absorbaient à la contemplation du coucher de soleil qui disparaissait à l'horizon derrière l'océan. La beauté du paysage dans lequel se mêlaient différentes nuances de bleu leur donnait un sentiment de quiétude. Cette vue splendide effaçait toutes les contrariétés de la journée.

— Que penserais-tu de prendre le large ma chérie ? fit Neil d'un ton nonchalant en sirotant son jus d'orange.

— Pour aller où ? demanda-t-elle perplexe.

— Tu te souviens de l'ouverture d'une station touristique sur la Lune ?

— Oui bien sûr ! On n'en a fait tout un plat durant des semaines !

— Nous pourrions passer une semaine ou deux dans l'un des hôtels Montes Apenninus et découvrir la chaîne de montagnes grâce aux nouveaux téléphériques spatiaux.

— Ce serait une excellente idée. Nous ne sommes pas beaucoup sortis depuis mon retour.

— J'ai aussi songé que nous pourrions nous y rendre pour y faire en quelque sorte notre lune de miel, poursuivit-il avec précaution.

— Une lune de miel ? s'esclaffa Myriam ébahie. Mais nous ne sommes pas encore mariés Neil !

— Justement ! Ce serait l'occasion d'y penser. Nous nous sommes retrouvés il y a quatre mois. Depuis ton retour nous nageons dans le bonheur, rien n'est venu ternir notre relation. A chaque jour qui passe, je me sens plus proche de toi. Ne crois-tu pas que nous pourrions officiellement annoncer notre relation en nous mariant ?

Myriam fut un instant songeuse. Cette heureuse nouvelle la troublait. Elle fut subitement prise d'un accès de panique. Elle aimait certes Neil de toute son âme, mais elle n'avait jamais pensé au mariage. Pour elle, c'était un concept inconnu.

— Je ne sais pas quoi te répondre Neil, répliqua-t-elle d'un ton hésitant.

— Dis oui tout simplement, répondit-il en lui pressant la main tout en la regardant droit dans les yeux.

Myriam le scruta à son tour, les lèvres tremblantes :

— C'est la plus belle chose que tu pouvais me proposer, fit-elle fortement émue.

— Ma chérie, je t'aime tant que je ne me vois pas terminer mon existence sans toi à mes côtés. Tu es l'unique amour de ma vie. Il y a tant de choses à explorer dans notre monde, faisons le ensemble main dans la main.

Les yeux de Myriam furent rapidement envahis de larmes d'émotion, ce que lui disait Neil la touchait profondément. La jeune femme comprit en l'espace d'un battement de cœur qu'elle pourrait tout partager avec Neil : le travail, la famille, les loisirs et les voyages. Elle se sentait exister à ses côtés.

— A en juger ta réaction, je pense que ta réponse est oui, fit-il remarquer, à son tour fortement ému.

Myriam acquiesça d'un signe de tête en souriant et se blottit dans les bras de Neil.

— N'as-tu pas peur que le prix de la chambre d'hôtel soit exorbitant ?

— Je me suis déjà renseigné. Si nous partons début octobre, dans trois semaines, nous serons dans une période creuse, le prix sera deux fois moins élevé qu'en juillet ou en août lorsque le gouvernement sélénite a inauguré la station.

— Et pour le transport ?

— Nous prendrons l'un des modules conçus pour faire les trajets entre la Terre et la Lune.

— C'est merveilleux ! renchérit Myriam ravie. Alors qu'attendons-nous pour réserver nos billets ?

— Excellente idée !

Le couple se précipita sur le terminal pour accéder aux réservations. Un quart d'heure plus tard, ils connaissaient leurs dates de voyage qui s'étaleraient sur deux semaines de fin septembre à début octobre. Pour l'hôtel, ils bénéficièrent d'une réduction avantageuse. En contactant les hôtels Montes Apenninus entre 22 heures et 23 heures, les chambres étaient louées moitié prix.

— La chance est avec nous ! s'esclaffa Neil radieux.

— Cela doit être un signe du destin.

Ils se rendirent dans le séjour pour un dernier tête-à-tête romantique. L'air s'était rafraichi si bien que Neil actionna le programme de la cheminée qui simula des flammes dont l'illusion était parfaite. Le couple eut réellement l'impression de sentir la chaleur et l'odeur consumé du bois se répandant dans la pièce. En ce début de vingt-septième siècle l'usage du bois pour se chauffer était depuis fort longtemps interdit. Les terriens préservaient les quelques millions d'hectares de forêts qu'il leur restait, car celles-ci étaient le poumon de la planète qui en avait besoin dans ce monde où l'atmosphère était fortement polluée.

Myriam poussa soudainement un éclat de rire. Koriande venait de sauter sur ses épaules et ses vibrisses la chatouillaient.

— Ce petit murhynodé m'étonnera toujours ! fit-elle en le faisant glisser dans ses bras. Je n'ai jamais vu une petite bête aussi affectueuse de toute mon existence !

— Ce n'est pas un animal ordinaire, rétorqua Neil. Je te rappelle qu'il est issu d'un croisement entre un muridé et une EBE ce qui peut expliquer son caractère si affectueux et cette manie qu'il a de s'immiscer entre nous à chaque fois que nous sommes enlacés.

Myriam le reposa sur le sol et Koriande fit quelques bonds au milieu du séjour pour finalement prendre place dans la maisonnette que lui avait construit Neil.

— Je suis si heureux de ce qu'il nous arrive ma chérie ! Depuis ton retour je ne me suis jamais aussi bien senti de toute ma vie. Tu es ma fontaine de Jouvence !

— Tu sais Neil, murmura Myriam en calant sa tête dans le cou de son amant tout en regardant le feu de la cheminée, je ressens la même chose que toi. Ce n'est qu'une fois que je suis partie sur Le Voyager que j'ai compris l'importance que tu avais dans mon existence. Tu m'as tellement manqué durant ces mois où j'ai cru que j'allais périr sans avoir la possibilité de te revoir.

Neil lui caressa doucement le visage, puis l'encercla de ses mains et déposa un baiser sur ses lèvres.

— Nous resterons désormais ensemble quoiqu'il arrive. Et si l'un de nous deux doit quitter le domicile pour le travail, nous le ferons ensemble. Je ne veux plus vivre ces moments de souffrance quand je te savais si loin de moi. Qu'en penses-tu ?

— Je t'approuve entièrement Neil. La vie est si courte qu'il nous faut profiter de chaque instant que le destin nous offre. Nous travaillerons donc ensemble. Je ne pense pas que cela soit incompatible ! Je pourrais faire des articles sur tes enquêtes, le Daily Red devrait apprécier d'avoir des informations croustillantes à offrir à ses lecteurs. Tu sais aussi ce que cela implique si nous concilions notre travail à notre vie privée ?

— Bien évidemment ! Nous allons souvent naviguer entre la Terre et Mars. Mais cela ne me dérange pas. C'est vrai que depuis quelques temps, je passe plus de temps sur Terre, mais si nous devons vivre plus de la moitié de l'année sur Mars cela ne me pose aucun problème ! Au contraire, cela nous donnera l'occasion de changer de cadre et de ne pas tomber dans la routine que connaissent beaucoup de gens !

— Tu es un amour Neil !

— Je sais ! répondit-il pour la taquiner.

Il était plus de minuit quand ils rejoignirent la chambre conjugale. En apercevant le clair de lune qui se reflétait dans le miroir de leur salle de bain, le couple songea qu'ils savoureraient bientôt d'agréables moments là-haut !

 

 

suite à paraitre prochainement...

 

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