Le miroir des mondes

Extrait du chapitre 3 :

Elle revint sur ses pas et marcha ainsi pendant une vingtaine de minutes, mais Lucas n'était nulle part. Cathy ne savait pas quoi faire. Elle embrassa à nouveau les lieux du regard, puis ses yeux se posèrent sur un faible rayon de lumière qui pointait au loin. Lucas se serait-il rendu là-bas pour voir ce qu'il y avait ? C'était possible d'autant qu'un chemin de terre bien dégagé y conduisait. Dans sa folie momentanée à courir sans regarder où elle allait, elle n'avait pas dû le remarquer. Cathy décida de prendre cette nouvelle direction sans savoir où cela allait la conduire. C'était sa dernière chance de retrouver Lucas. Elle marcha d'un pas alerte durant une dizaine de minutes et le point lumineux qu'elle avait aperçu se précisa. Il s'agissait d'un rayon de soleil qui se reflétait sur la fenêtre d'une chaumière très bien camouflée par la végétation qui recouvrait ses murs de lierre et son toit de mousse. Cette habitation tout à fait inattendue était à l'abri des regards grâce à cette couche épaisse de verdure qui la rendait presque invisible, sans compter qu'elle avait été bâtie dans un creux, ce qui la rendait encore plus discrète. Intriguée, Cathy voulut aller la voir de plus près. Elle se dirigea vers la porte d'entrée laissée entrouverte. Elle n'eut qu'à la pousser de la main et se faufiler à l'intérieur. Cathy avança prudemment dans le couloir étroit plongé dans la pénombre. Il régnait une odeur de moisi et de mort qui lui fit froid dans le dos. Malgré tout, Cathy ne s'échappa pas en courant et poursuivit son analyse des lieux. Elle nota que le couloir donnait accès à deux pièces dont les portes se trouvaient l'une en face de l'autre. Elle hésita un bref instant, puis se décida pour celle de gauche. Là encore, la porte n'était pas enclenchée et elle n'eut qu'à la pousser d'un doigt pour qu'elle s'ouvre. Les lieux avaient pour seule lumière celle des rayons du soleil qui pénétraient par l'unique lucarne de la pièce. En son centre ne se dressait aucun meuble. En revanche, les quatre pans de mur étaient occupés par des étagères sur lesquels reposaient des bocaux et des fioles remplies de fluides d'une curieuse texture. Cathy avait le sentiment d'avoir pénétré dans un laboratoire interdit. Elle s'approcha à pas de loup de l'une des étagères, puis ses yeux, enfin habitués au manque de luminosité, scrutèrent le contenu des bocaux. Quand elle découvrit ce qu'ils conservaient, elle poussa un cri de terreur qui raisonna jusque dans la forêt. Ce cri n'échappa pas à Lucas qui avait involontairement quitté l'allée de cailloux que lui et Cathy avaient pris pour aller observer une famille d'écureuils qui avait fait son nid dans le tronc d'un arbre mort. Lorsque Lucas était revenu sur ses pas et qu'il avait vu que Cathy n'était plus là, il l'avait cherchée partout sans la trouver. Ce cri qui s'échappait de la gorge de la jeune fille le glaça jusqu'aux os. Pourquoi criait-elle ainsi et où se trouvait-elle ? Il tendit l'oreille, puis suivit la direction du cri et emprunta le même chemin que Cathy. Il courut à grandes enjambées avant de voir à son tour la chaumière camouflée. Contrairement à Cathy, il entra d'un pas vif à l'intérieur. La jeune fille qui s'était écartée des étagères pour se mettre près de la lucarne, sursauta quand elle entendit la porte de l'entrée claquer et poussa un nouveau cri de terreur qui permit à Lucas de la situer. Il se précipita dans la pièce et se retrouva à ses côtés. Il la prit dans ses bras pour la réconforter. Une fois calmée, Lucas vit à son tour les étranges fioles et bocaux qui remplissaient les étagères.

 La vache ! s'écria-t-il. C'est quoi ce matos ?

Toi qui as réponse à tout, je pensais que tu me le dirais, lâcha Cathy, ironique.

C'est un labo pour faire des expériences ou quoi ?

Ça y ressemble, confirma Cathy. Il faut être complètement cinglé pour mettre des têtes d'animaux dans des bocaux et des... d'ailleurs c'est quoi ça ? demanda-t-elle, la gorge nouée en pointant son doigt sur une fiole.

Lucas pencha la tête comme pour mieux observer le contenu de la fiole.

 Ça ressemble à la patte d'un petit animal, du style d'un rongeur, dit-il.

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