Quand le cauchemar dépasse la réalité

Extrait du chapitre 6

« Mademoiselle, vous allez bien ? » demanda une femme, au visage rubicond, en blouse blanche. « On dirait qu'elle se réveille, mais elle n'est que semi-consciente. Laissons-lui un peu de temps », poursuivit-elle en s'adressant au docteur Roche.

Le médecin acquiesça d'un signe de tête. Il reviendrait un peu plus tard pour voir comment se portait la petite miraculée du cyclone qui avait ravagé l'ensemble de l'île Maurice.
Mandy cligna des yeux pour s'habituer à la luminosité du soleil qui pénétrait par la grande fenêtre dépourvue de rideaux. Elle ressentit une gêne sur son visage et se rendit compte qu'on lui avait bandé le front et qu'un tube sortait de sa bouche. On lui avait également glissé une perfusion dans le bras gauche. Sa tête la faisait terriblement souffrir, comme si on lui avait enfoncé un marteau piqueur dans le crâne. Son regard se tourna vers l'entrée. Elle remarqua la présence de deux femmes en tenue d'infirmières qui l'observaient.

« Comment vous sentez-vous ?

— Pourquoi suis-je ici ? » réussit à articuler Mandy, en dépit du tube coincé dans sa gorge.

Les deux infirmières se regardèrent d'un commun accord et l'une des deux expliqua à la jeune femme les raisons de sa présence dans l'hôpital.

« Vous avez été rapatriée dans l'hôpital le plus proche. L'île Maurice a été ravagée par un cyclone. Vous savez, vous êtes une miraculée. Lorsque l'équipe de secours a survolé l'île, elle vous a repérée grâce au bracelet que vous portiez au poignet, les rayons du soleil se réverbéraient sur le bijou. Sans ce précieux objet, on ne vous aurait même pas remarquée. Vous gisiez, inconsciente, au pied d'un rocher à proximité du Trou-aux-cerfs. La chance est avec vous », termina l'infirmière à l'imposante carrure en lui tapotant la main.
Mandy la regarda, effarée. Elle ne se rappelait que de très peu de choses. Seules les importantes rafales de vent lui revinrent en mémoire. Puis elle finit par se rappeler Julian qu'elle avait vu disparaître dans le lac en furie. Tout à coup, son estomac se noua, elle avait un mauvais pressentiment.

« Et Julian, où est-il ?

— Qui est Julian ? demanda l'infirmière.

— L'homme qui était avec moi lors de la tempête.

— Pourriez-vous nous donner son nom de famille  ? Nous le retrouverons facilement sur la liste de ceux que nous avons accueillis. »

La bouche de Mandy se tordit en un horrible rictus, elle n'avait pas la moindre idée de son nom, ils n'avaient échangé que leurs prénoms.

« Je ne sais pas.
« Mademoiselle, vous allez bien ? » demanda une femme, au visage rubicond, en blouse blanche. « On dirait qu'elle se réveille, mais elle n'est que semi-consciente. Laissons-lui un peu de temps », poursuivit-elle en s'adressant au docteur Roche.

Le médecin acquiesça d'un signe de tête. Il reviendrait un peu plus tard pour voir comment se portait la petite miraculée du cyclone qui avait ravagé l'ensemble de l'île Maurice.
Mandy cligna des yeux pour s'habituer à la luminosité du soleil qui pénétrait par la grande fenêtre dépourvue de rideaux. Elle ressentit une gêne sur son visage et se rendit compte qu'on lui avait bandé le front et qu'un tube sortait de sa bouche. On lui avait également glissé une perfusion dans le bras gauche. Sa tête la faisait terriblement souffrir, comme si on lui avait enfoncé un marteau piqueur dans le crâne. Son regard se tourna vers l'entrée. Elle remarqua la présence de deux femmes en tenue d'infirmières qui l'observaient.

« Comment vous sentez-vous ?

— Pourquoi suis-je ici ? » réussit à articuler Mandy, en dépit du tube coincé dans sa gorge.

Les deux infirmières se regardèrent d'un commun accord et l'une des deux expliqua à la jeune femme les raisons de sa présence dans l'hôpital.

« Vous avez été rapatriée dans l'hôpital le plus proche. L'île Maurice a été ravagée par un cyclone. Vous savez, vous êtes une miraculée. Lorsque l'équipe de secours a survolé l'île, elle vous a repérée grâce au bracelet que vous portiez au poignet, les rayons du soleil se réverbéraient sur le bijou. Sans ce précieux objet, on ne vous aurait même pas remarquée. Vous gisiez, inconsciente, au pied d'un rocher à proximité du Trou-aux-cerfs. La chance est avec vous », termina l'infirmière à l'imposante carrure en lui tapotant la main.
Mandy la regarda, effarée. Elle ne se rappelait que de très peu de choses. Seules les importantes rafales de vent lui revinrent en mémoire. Puis elle finit par se rappeler Julian qu'elle avait vu disparaître dans le lac en furie. Tout à coup, son estomac se noua, elle avait un mauvais pressentiment.

« Et Julian, où est-il ?

— Qui est Julian ? demanda l'infirmière.

— L'homme qui était avec moi lors de la tempête.

— Pourriez-vous nous donner son nom de famille  ? Nous le retrouverons facilement sur la liste de ceux que nous avons accueillis. »

La bouche de Mandy se tordit en un horrible rictus, elle n'avait pas la moindre idée de son nom, ils n'avaient échangé que leurs prénoms.

« Je ne sais pas.

— Sans ce détail, il nous sera impossible de le retrouver. Pouvez-nous donner quelques précisions à son sujet ? Son âge, sa taille ? Quelque chose qui nous permettrait de le distinguer.

— C'est un homme d'une trentaine d'années aux cheveux  noirs et aux yeux brun clair de couleur noisette. Il mesure dans les un mètre quatre-vingt, il a les épaules carrées et une taille fine.

— Une description qui pourrait convenir à la plupart des hommes qui se trouvent en observation ici. N'y aurait-il pas un détail significatif qui le différencierait des autres ? »

Mandy fouilla dans sa mémoire, son visage s'éclaira soudainement.

« Je me rappelle qu'il a une tâche de vin dans la nuque qui doit faire deux centimètres de diamètre.

— Voilà un détail intéressant ! fit l'infirmière en souriant. Je vais me renseigner et je vous tiens au courant. Souhaiteriez-vous avertir un membre de votre famille ? Je suppose que vous êtes française ?

— C'est exact. Pour le moment, je préférerais rester seule.

— Comme vous voudrez. Mais il faudra bien que quelqu'un se charge des papiers à remplir pour votre admission. »

Le système était toujours le même : le règlement des soins passait avant la santé des malades. La prise en charge des malades était toujours une affaire délicate quelque soit l'endroit où on pouvait être. Elle regarda l'infirmière s'éloigner tandis que la seconde s'approchait de la table de nuit afin d'y déposer un plateau repas constitué d'un simple yaourt et d'une compote. Elle prit le pouls et la température de Mandy, puis lui signifia que tout était en ordre et quitta la chambre. La jeune femme se retrouva seule dans ce milieu hospitalier sans comprendre ce qui lui arrivait. Elle se demanda alors combien de temps s'était écoulé depuis son admission et interpella l'infirmière  qui partait.

« Excusez-moi... Je voudrais avoir un renseignement.

— Oui, répondit cette dernière en se retournant.

— Depuis combien de temps suis-je ici ? »

L'infirmière regarda son dossier et déclara qu'elle avait été enregistrée deux jours plus tôt à vingt-deux heures quarante.

« Et  à quand remonte le cyclone ?

— À trois jours. Selon l'équipe de soins, vous avez passé plusieurs heures au milieu de la tempête avant qu'on ne vous retrouve. C'est un miracle que vous n'ayez pas été emportée  par la montée des eaux. De nombreuses victimes n'ont hélas pas eu cette chance. Vous vous trouviez pourtant dans un lieu stratégique où vous n'aviez quasiment aucune chance de survivre. Les autorités ne comprennent pas comment vous avez échappé à ce cyclone. C'est une énigme. Le principal est que vous soyez encore en vie, n'est-ce pas ? »

Mandy acquiesça d'un signe de tête en se forçant à sourire, mais le cœur n'y était pas. Elle repensa à la dernière fois où elle avait vu Julian, il se trouvait à quelques pas d'elle. Une rafale de vent plus forte que les autres l'avait soulevé du sol, il avait glissé sur le sol mouvant et était tombé dans le lac. Les images lui apparaissaient clairement maintenant. Son cœur se serra à cette évidence. Il n'y avait que très peu de chances pour qu'il ait survécu à ce drame.
Elle tourna le dos à la porte de la chambre et son regard se porta vers la fenêtre. Elle ne vit pas grand chose, le ciel était bleu et s'harmonisait avec  l'océan. Elle se trouvait dans le centre hospitalier de Mayotte à Madagascar, Mandy ne le savait pas encore. Pour le moment, toutes ses pensées étaient tournées vers Julian. Elle ne le connaissait que depuis peu, mais elle se sentait très proche de lui en dépit du peu de temps qu'ils avaient passé ensemble. Elle craignait qu'il ne lui soit arrivé un malheur. Ses appréhensions se confirmèrent un peu plus tard lorsque l'infirmière fut de retour et lui annonça :

« Nous n'avons aucune trace d'un Julian et personne qui ne corresponde au signalement que vous nous avez donné. Les recherches sur l'île continuent, beaucoup de personnes sont portées disparues, mais l'espoir de les retrouver vivantes est très faible... je suis sincèrement désolée. »

Mandy eut le sentiment que le monde autour d'elle s'écroulait. Elle se sentait démunie face à ce qu'elle venait d'entendre et ressentait un vide profond à l'idée de savoir Julian sans vie.

« Laissez-moi », dit-elle d'une voix à peine audible.

Couverture mandy 1c


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