Prologue
Nancy, place Stanislas, dans le futur...
Par une froide et triste journée pluvieuse de novembre, un homme emmitouflé jusqu'aux oreilles et les mains glissées dans les poches de son manteau de laine noir traversait la place Stanislas. Accusant la quarantaine, les traits de son visage trahissaient l'aigreur qui l'habitait. C'était à cause de la mission que son supérieur lui avait confiée la veille. Il pestait contre le vent glacial qui lui giflait le visage et contre le brouillard qui avalait les rues nancéiennes, enveloppait les maisons et s'infiltrait sous les portes. Même les bâtiments, ceinturant la mémorable place lorraine, disparaissaient sous cette maudite purée de pois cotonneuse. Subitement, Jentrelle stoppa sa marche lorsqu'il se trouva au pied de la célèbre statue de Stanislas. Une des têtes de lion qui ornait le gigantesque socle avait attiré son regard. Il crut voir une étincelle jaillir de ses yeux, puis se dit que son esprit, fatigué ces jours derniers, lui jouait un mauvais tour. Il haussa les épaules, prêt à reprendre sa marche, quand une lumière minuscule se mit à briller au centre de chaque œil. Il s'approcha et plissa le front, perplexe. Le petit faisceau évolua en une spirale grandissante dans laquelle il se sentit happé. Étourdi, il ne comprit pas ce qui lui arrivait et perdit momentanément connaissance. Quand il rouvrit les yeux, il fut aveuglé par les rayons du soleil qui se reflétaient en une multitude de points lumineux sur la place Stanislas. Il mit ses mains en visière et, stupéfait, porta son regard sur la foule nombreuse se promenant sur la place. C'était inattendu et Jentrelle se demanda s'il s'était produit quelque chose d'inhabituel, qui aurait conduit toutes ces personnes à sortir de chez elles à une heure, réservée, en temps ordinaire, aux milices.
La suite ici : Meurtres à la Pépinière